Notre installation dans le Perche a été l’occasion de perfectionner quelques techniques déjà testées lors de notre première installation à Clairefontaine : comment transformer une ancienne prairie en jardin maraîcher ?
Bien évidemment, notre labellisation Agriculture Biologique nous interdit d’utiliser un herbicide, et nous savons qu’il est toujours préférable d éviter le labour et le travail profond du sol, au risque d’abimer sa structure et sa faune.
Pour obtenir un sol meuble et bien désherbé, nous ne pouvons donc pas utiliser de produits chimiques ni effectuer un labour profond. Nous préférons mettre en œuvre une technique très simple et éprouvée : l’occultation longue. Il s’agit d’étaler sur les futures parcelles une grande bâche d’ensilage (réutilisable) pendant plusieurs mois, de manière à priver l’herbe de lumière. En retirant la bâche, on obtient alors un sol propre, presque prêt à être cultivé.
Nos expérimentations ces derniers mois nous ont appris à nuancer un peu notre enthousiasme pour cette technique :
- Tout d’abord, la technique n’est pas neutre en termes de temps de travail, car la pose des bâches est très physique, et malgré tous les lests que nous y mettons, elles ont tendance immanquablement à s’envoler en partie au moindre coup de vent. Il faut alors régulièrement veiller à les réinstaller. Notre système de lestage est donc à optimiser.
- Deuxièmement, nous avons remarqué une énorme différence liée à la période à laquelle la bâche est posée. Les parcelles bâchées dès le mois d’août 2024 étaient parfaitement désherbées. Les parcelles bâchées à partir d’octobre ont moins bien fonctionné. En l’absence de chaleur, pendant l’hiver, l’herbe est en repos végétatif et ne craint donc pas vraiment la bâche. La technique demande donc une grande anticipation, dès le milieu de la saison précédente !
- Enfin, l’occultation ne résoud en rien d’éventuels problèmes de compaction du sol. Les sols de prairie peuvent en effet être très compactés, notamment s’ils ont été pâturés pas des grands animaux (des chevaux dans notre cas). Idéalement, une première année de bâchage serait donc suivie par une seconde année de plantation d’engrais verts permettant d’alléger la structure du sol, par exemple des variétés à grosses racines. Mais il est rare d’avoir le luxe de pouvoir anticiper 2 ans à l’avance une plantation. Nous avons donc complété le bâchage par un travail du sol de faible profondeur et un apport massif de compost, qui permettent une mise en culture plus rapide. Nous avons remarqué aussi que le bâchage retient beaucoup l’humidité des pluies hivernales, et rend ce travail du sol compliqué. Du coup, nous enlevons la bâche et attendons quelques jours de soleil pour que le sol draine un peu son excès d’eau et se prête plus facilement à être travaillé au motoculteur.
La technique de l’occultation longue fait aussi partie du panel de solutions offertes au maraîcher bio entre deux cultures. Ce bâchage n’amène pas tous les bénéfices d’un paillage organique (paille, foin, feuilles, etc.) ou d’une culture d’engrais vert, mais il peut être mis en œuvre facilement. A nous de savoir l’intégrer progressivement à nos différentes rotations de légumes !